dimanche 9 mai 2010

Droits d'auteur pour édition numérique - Réflexions

J'ai l'intention de publier en version numérique nos romans pour adolescents, ceux de nos collections illustrées (c'est déjà fait pour Entités I) et les autres, et éventuellement peut-être les albums et les petits romans. Je dois donc ajouter une clause à mes contrats d'auteurs et d'illustrateurs pour répartir les revenus des ventes de ces livres; elles ne seront pas très importantes au début, mais on ne sait pas ce qui va se produire pendant la durée des contrats. J'ai réfléchi un peu, j'ai eu quelques idées. Si d'autres veulent faire part de leur expérience en tant qu'éditeur ou auteur, n'hésitez pas à commenter ce billet.

Quelle est la façon juste de répartir les revenus d'un livre numérique? Un auteur pourrait être tenté de dire que puisqu'il n'y a pas de frais d'impression, pas de libraire, pas de diffuseur, l'auteur devrait recevoir une plus grande part des revenus. Pas juste le petit 10% (du prix de vente) habituel. Voyons un peu comment la vente de livres numériques fonctionne présentement au Québec pour déterminer si la part de l'auteur devrait être augmentée.

La vente de livres numériques est un phénomène nouveau. Tout se met en place présentement et le modèle économique est encore à se définir.

Pour offrir un livre numérique sur le site de Jelis.ca, ou LivreQuébécois.com, ou autres sites Internet qui offrent des livres numériques, la façon la plus simple pour le moment est de conclure une entente avec la compagnie De Marque qui a conçu et développé l'entrepôt numérique, ou agrégateur ANEL-De Marque. Enfin, je crois que c'est la façon la plus simple. Je ne sais pas encore comment fonctionne la vente des livres numériques Européens sur les sites Québécois, ni comment fonctionne la vente des livres numériques Québécois sur des sites autres que ceux avec lesquels De Marque a une entente.

Pour chacun des livres déposés dans l'entrepôt numérique, des frais annuels de 40$ la première année (ou 25$ pour les membres de l'ANEL), et de 25$ annuellement par la suite (ou 15$ pour les membres de l'ANEL), doivent être versés à De Marque. Le PDF du livre doit être converti selon les spécifications de De Marque. Ce sont des modifications généralement mineures, et tous ces frais sont remboursés par la SODEC aux éditeurs agréés (pour le moment; à mesure que ce marché se développera, les subventions diminueront).

Pour le moment, la tendance est d'offrir le livre numérique 25% moins cher que le livre papier. Je ne sais pas pourquoi. Probablement pour intéresser les consommateurs, pour les inciter à laisser de côté le papier, pour leur donner de nouvelles habitudes. J'ai l'impression que le livre numérique sera éventuellement vendu au même prix que la version papier. Entités I est présentement offert à 10$ en numérique plutôt qu'à 13,95$ en format papier. Je ne sais pas si je le laisserai à ce prix très longtemps.

La répartition des revenus est la suivante pour le moment: 30-35% du prix de vente va au libraire (Jelis.ca ou LivresQuébécois.com), 10% va à De Marque (joue un peu le rôle du distributeur pour le numérique; ne se charge pas de la facturation, mais entrepose les livres numériques, les distribuent chez les vendeurs, comptabilisent les ventes), et 60% va à l'éditeur. Donc, pour Entités à 10$, il me reste 6$, le même montant qu'il me reste pour la version papier.

Étant donné que les frais d'hébergement et de conversion en format numérique sont présentement remboursés par la SODEC  et qu'il n'y a pas de frais d'impression, un auteur pourrait espérer une plus grande part du prix de vente que pour la version papier. Il a probablement raison, mais il faut prendre en considération quelques facteurs avant de déterminer dans quelle mesure cette part peut être augmentée.

Premièrement, étant donné que les pourcentages de chacun dans le numérique ne sont pas régis par une loi comme pour les versions papiers, il est préférable d'offrir à l'auteur un % des sommes reçues par l'éditeur plutôt qu'un pourcentage du prix de vente. De cette manière, l'éditeur sera protégé si la part du libraire ou de De Marque augmentent.

Il y a un autre facteur important. Je crois que plus il y aura de livres numériques vendus, moins il y aura de livres  papiers vendus. Pour contrer cet effet, doit-on réduire les tirages? Pour un livre à petit tirage, on ne peut réduire le tirage parce que le livre risquerait de ne pas être bien diffusé. Pour un livre à plus grand tirage, si on réduit le tirage, on augmente les coûts unitaires et on doit donc augmenter le prix de vente.

J'ai donc pensé que les % versés à l'auteur pourraient être progressifs. Plus il y aurait de ventes, que ce soit papier ou numérique, plus les % versés à l'auteur seraient grands. Un peu comme ça fonctionne pour la version papier actuellement. Donc, voici mon idée. Évidemment, les quantités dépendent du type de livre.

Ventes totales numérique et papier           % des sommes reçues
                                                                             de la vente numérique
                                                                              Auteur          Éditeur
        0-1000                                                             30                 70
  1000-2000                                                             40                 60
  2000-4000                                                             50                 50
  4000-10000                                                           60                 40
10000-                                                                     70                 30

Il me semble que de cette façon les risques que prend l'éditeur sont acceptables et que l'auteur peut graduellement profiter d'une plus grande part des ventes de la version numérique.

C'est ma première réflexion sur le sujet. Il y aura assurément des adaptations à faire à mesure que les choses se mettront en place dans l'édition numérique.

N'hésitez pas à me donner votre avis, à me faire part d'aspects qui m'auraient échappées... parce que je n'y ai pas réfléchi très longtemps.

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